Homélie du 16 mai 2021, 7ème Dimanche de Pâques (B), Sacrement des malades
Publié le 17 Mai 2021
Homélie du 16 mai 2021, 7ème Dimanche de Pâques (B), Sacrement des malades
Frères et sœurs dans le Christ Jésus,
Dans sa lettre, Jean révèle l’identité de Dieu : « Dieu est amour ». L’amour humain, notre amour repose sur un trépied : l’amour de Dieu, l’amour de soi et l’amour des autres (aimer son prochain comme soi-même). Cet amour peut se montrer fragilisé par la maladie. La grâce du sacrement des malades le transforme.
1. Dieu nous rend apte à l’aimer
Dieu est, en lui-même, relation d’amour. L’Esprit Saint est l’amour entre le Père et le Fils. Et Dieu nous donne part à son Esprit. En nous aimant le premier, en nous donnant part à son Esprit, Dieu nous rend apte à l’aimer, l’aimer de tout notre cœur, de tout notre être. Et vivre en Dieu, vivre de Dieu transforme nos capacités à aimer. Mais c’est Dieu qui nous choisit. C’est lui qui désire demeurer en nous par son amour. Il fait la plus grande partie du chemin qui nous sépare de lui, s’engageant ainsi dans une démarche où il vient interroger notre liberté. Souhaitons-nous l’amour dont il nous aime ? Oui ? Il vient alors demeurer en nous où son amour atteint la perfection. Dans le sacrement des malades, telle l’huile qui imprègne, Dieu imprègne de son amour nos corps souffrants, nos esprits souffrants : « que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint ».
2. S’aimer soi-même
Cet amour de Dieu en nous équilibre notre amour humain afin que nous évitions de sombrer dans les dangers de l’égoïsme qui enferment ou dans ceux de l’oubli de soi qui permet à l’autre de me réduire en esclavage.
Frères et Sœurs malades, porteurs d’un handicap, ou affaiblis par l’âge et ses infirmités, combien il est difficile de s’aimer soi-même ! Quand notre corps change, quand nous ressentons les douleurs physiques ou que nous souffrons moralement, comme il est difficile de s’aimer soi-même ! Quand nous sommes soumis aux aléas d’examens médicaux, soucieux des résultats, dans une attente infernale, comme il est difficile de s’aimer soi-même ! Quand nos limites humaines nous font prendre conscience de notre finitude, comme il est difficile de s’aimer soi-même ! Quand nous devons nous en remettre aux gestes des autres, famille, corps médical, auxiliaire de vie, comme il est difficile de s’aimer soi-même ! Quand nous sommes vulnérables et que nous nous montrons fragiles, fragilisés, comme il est difficile de s’aimer soi-même ! Quand la maladie, le handicap, la vieillesse nous font croire que « nous ne servons plus à rien », comme il est difficile de s’aimer soi-même ! Quand nous n’arrivons plus à prier, comme il est difficile de s’aimer soi-même !
La croix … seul le crucifié, visage de Dieu qui nous a tellement aimés, rend possible l’amour de soi dans de telles circonstances … Tout à l’heure, votre front et vos paumes de mains seront marqués de l’huile, puisse l’amour du crucifié se greffer sur ce qui souffre en vous pour que grandisse en vous son amour, pour vous-mêmes et pour tous ceux qui vous accompagnent dans ce quotidien de difficultés.
3. Le sacrement des malades nous rend témoins de la résurrection
L’Esprit Saint suscite Mathias pour compléter le groupe des 12. Avec les apôtres, il sera témoin de la Résurrection. Ce matin, l’Esprit Saint vous est donné afin que « libérés de tous péchés, il vous sauve et vous relève ». Ce verbe « relever » pourrait être remplacé dans la tradition biblique par « ressusciter ». Dans vos corps meurtris par la maladie, le handicap ou le grand âge, dans vos esprits affaiblis par l’inquiétude, l’incompréhension, l’oubli ou l’écho qui tourne en boucle, l’Esprit Saint veut déposer la vie du Ressuscité. Puissiez-vous percevoir que, mystérieusement, par vos souffrances, vous participer au salut du monde, à la vie du monde. Vous avez donc besoin de la grâce pour que Dieu agisse en vous, en votre faiblesse.
Chers amis, merci de votre foi, de votre amour du bon Dieu qui vous amènent aujourd’hui à recevoir ce sacrement. Vous êtes pour nous un témoignage, vous êtes pour nous témoins du Ressuscité.
Amen Votre Abbé, Jérôme