DIMANCHE 19 JUIN 2016 – LE PASSAGE d'AGEN
« Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les scribes... »
Frères et sœurs bien-aimés, notre foi n'est ni le fruit du hasard ni le résultat de notre propre volonté ou de notre travail : elle est le fruit d'une ALLIANCE.
Une alliance qui vient ainsi, à la fois la volonté de Dieu (« Il faut que cela se passe ainsi ») et notre propre consentement, notre propre engagement (« Tu es le Christ, le Messie de Dieu » dit Pierre aujourd'hui ou bien « Tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube » Psaume 62)
Je suis toujours frappé quand j'entends de jeunes parents préparant le baptême de leur enfant qui disent qu'il fera du caté « s'il en a envie », ou pire encore des parents qui se séparent parce qu'ils n'ont plus envie de vivre ensemble, ou encore lorsqu'un prêtre n'accomplit pas tel ou tel service de son ministère « parce qu'il n'a plus envie » ...
Beaucoup de situations sont comme cela aujourd'hui, vous le constatez tous autour de vous. Avant la crise de 1968, le devoir était peut-être trop dur, trop autoritaire (je ne sais pas, je n'étais pas né). Cependant, effacer la notion de « DEVOIR » de nos schémas de pensée et de nos actions va laisser la place à un vide. Un vide proche du nihilisme qui affirme que rien n'a de sens. Et ce vide va être rattrapé, de manière naturelle, soit par la dimension animale de nos instincts (envie, pas envie ; peur, pas peur), soit par la domination de la technologie (portable, TV) ou des addictions en tous genres.
En grec, l'expression « Il faut que » (« dei »), que nous entendons aujourd'hui dans la bouche de Jésus, signifie « il est nécessaire, cela doit être ainsi ». C'est une tournure très employée dans le Nouveau Testament (110 fois) , et finalement plus que dans l'Ancien Testament.
Pourquoi ? Parce que le dessein de Dieu est davantage présenté par Jésus dans le Nouveau Testament. Cette volonté de Dieu est plus ou moins bien comprise par ses disciples, mais acceptée comme telle.
Cependant, la traduction tirée du latin « falloir » vient du verbe « fallo » qui signifie « être invisible, caché » et même « tromper ». Cela diminue, à mon sens, l'intelligence de la volonté de Dieu, comme si la présence de Dieu nous tombait dessus.
Pour Sartre et la pensée athée ambiante qui est héritière de Sartre, nous avons été jetés dans ce monde par hasard, nous sommes libres ou plutôt « condamnés à être libres », et il est impératif que notre vie prenne un sens par nous-mêmes .
Pour les nihilistes au contraire, plus rien n'a de sens, et cela ne vaut pas la peine de s'engager.
Comme Jésus, frères et sœurs, à sa suite et à son école, n'ayons pas peur de devoir souffrir. N'ayons pas peur d'entendre ce qu'il nous dit, y compris si cela ne nous fait pas toujours plaisir ou si des choses nous paraissent encore cachées. C'est cela l'enjeu d'une alliance et c'est là que nous assumerons mieux le sens de notre vie. Et, avec le cœur transpercé de Jésus, qui continue de nous parler, apprenons à nos enfants à traverser le mal. Car le mal ne règnera pas.
« Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les scribes... »
Père Thibaud de La SERRE, curé.