Homélie du Jeudi Saint, le 28 mars 2024, Abbé Jérôme POMIÉ
Publié le 29 Mars 2024
Homélie du Jeudi Saint, le 28 mars 2024, Abbé Jérôme POMIÉ
Chers enfants, Chers grands, vous tous, frères et sœurs dans le Christ Jésus,
Dans la première lecture de cette liturgie de la Cène du Seigneur, tirée de l’Exode, nous avons entendu les prescriptions
faites au Peuple d’Israël concernant le repas pascal, avant sa libération du pays d’Egypte. Il y est, bien sûr, question de
l’agneau : « Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année.
[…] on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des
maisons où on le mangera. […] Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. »
Chers amis, dans chacune de nos messes, le Seigneur Jésus est nommé l’Agneau de Dieu … Tandis que nous sommes
bienheureux d’être les invités au festin des noces de l’Agneau, il nous est présenté en ces termes : « Voici l’Agneau de Dieu,
voici celui qui enlève les péchés du monde ».
Que veut-on dire en nommant le Christ, l’Agneau de Dieu ? Qu’est- ce que cela implique dans notre vie chrétienne au cœur
du monde ?
1 – Jésus est l’Agneau de Dieu …
On dit de Jésus, qu’il est le plus beau des enfants de l’homme. Son humanité est parfaite, car il est l’image qui a servi à la
création de l’homme. Son humanité est parfaite, car elle est sans défaut. Bien qu’il portera demain, sur la croix, le poids
des péchés de l’humanité, que le drame du Mal va le défigurer, n’ayant pas collaboré par un péché personnel au Mal, son
humanité est sans tâche, sans défaut, son humanité est parfaite. Cette humanité immaculée est comme étincelante de la
blancheur de la laine du petit agneau.
Dans diverses religions, le sacrifice d’animaux, et d’agneaux en particulier, est offert à Dieu en offrande agréable, pour le
pardon des fautes, notamment. Jésus est la victime parfaite, qui donne sa vie pleine de justice, de vérité, de bonté, d’union
à Dieu en sacrifice pour le pardon de tous les hommes qui ont collaboré au mauvais. Victime, en latin, se dit hostia … ce
mot donne son nom à l’hostie qui, consacrée, est la présence réelle du Christ, offerte pour nous.
Le Christ est immolé sur la croix au moment où la terre est plongée dans l’obscurité, symbole que tout le cosmos vit
pleinement l’heure de l’offrande du Fils. Comme naguère le sang de l’agneau a recouvert le linteau des portes de la maison
des israélites pour les protéger de l’ange exterminateur, le sang de l’Agneau de Dieu coule sur les linteaux de la croix, qui
devient la porte d’entrée dans le sanctuaire de la réconciliation. Le sang du Christ nous réconcilie avec le Père dont nos
péchés nous avaient éloignés, nous réconcilie avec le genre humain que nos péchés ont blessé.
A chaque messe est rendu présent le sacrifice que le Christ a vécu une fois pour toutes sur l’autel de la croix, le vendredi
saint et qu’il anticipe ce soir par l’institution de l’eucharistie à la Cène : Prenez et mangez, prenez et buvez. Il est à la fois
pour nous, la victime : l’agneau immolé, le prêtre qui présente l’offrande et l’autel sur lequel nous pouvons déposer nos
prières, nos vies, nos offrandes.
2 - … pour notre vie chrétienne
Communier au Corps du Christ, l’Agneau de Dieu, implique de nous offrir comme vivante offrande à la gloire et à la louange
du Père. Notre vie est pour Dieu une offrande, qui en se consumant dans la charité, dans la miséricorde, dans le pardon,
fait monter vers le Père une bonne odeur, comme l’odeur d’un barbecue, ou mieux comme l’odeur de l’encens.
S’offrir avec Jésus au Père, c’est faire de toute notre vie une prière d’offrande. Chaque matin, nous pouvons offrir, dans
l’Esprit Saint, nos actions, nos paroles, nos efforts de la journée, pour qu’ils servent à la gloire de Dieu et au salut du
monde.
Communier au Corps du Christ, à l’Agneau de Dieu, c’est être des tabernacles vivants pour porter sa paix, sa joie, sa vie,
au cœur du monde, dans nos quartiers, dans nos écoles, dans les lieux où Jésus a besoin de nous pour y être porté. Jésus
veut dresser sa tente dans tous les campements humains. Jésus veut vivre dans tous les milieux, dans toutes les époques,
dans tous les contextes géopolitiques. Chacune de nos vies peut être ce lieu où Jésus se donne aux autres.
Il n’est pas d’institution de l’eucharistie sans lavement des pieds. Communier à l’Agneau de Dieu, c’est vivre chaque jour la
disponibilité au service, vivre la générosité du service, en famille, au travail, en paroisse, au cœur de la société.
Chers servants d’autel, nous sommes admiratifs de votre service. En ce Jeudi Saint, permettez-moi d’émettre un souhait,
une prière : qu’à l’école, au collège, au travail, en famille, au sport, vous portiez généreusement votre service de l’Agneau
vers le service du plus petit, du plus pauvre. Que votre service de l’Agneau de Dieu se répande en lavement de pieds autour
de vous.
Oui, voici ce que fait l’Agneau de Dieu en nous ! Amen